L’impact de la consommation de l’Union européenne sur la déforestation

 27 novembre 2020

Résumé

Cette étude a été réalisée par VITO, IIASA et CICERO à la demande de la direction générale environnement de la Commission européenne. Elle propose des indicateurs pour apprécier l’impact de la consommation européenne sur la déforestation en zone tropicale. Elle a aussi reconnu, dans environ 40 % des cas, un manque de données pour identifier le moteur de la réduction du couvert forestier. Cette étude parle de embodied deforestation pour qualifier la déforestation incorporée dans les produits, biens ou services commercialisés ou consommés. Ce que nous appelons aujourd’hui déforestation importée peut ainsi être considérée comme la part de cette déforestation incorporée qui se retrouve dans le commerce international.

Les résultats fournis par cette étude reposent essentiellement sur les données de la FAO et sur l’articulation entre deux modèles d’utilisation des terres et de commerce. Sur cette base sont mis en correspondance les changements d’utilisation des terres et la consommation de produits jusqu’à la consommation finale. Cette démarche est évidemment tributaire des hypothèses faites et des limites de la traçabilité des produits. Elle fournit un état de référence à la fois global et détaillé de la situation moyenne au cours de la période 1990-2008.

La déforestation brute relève de cinq grandes causes : l’expansion agricole (53 % des surfaces déforestées), l’exploitation forestière (2 %), l’expansion urbaine et des infrastructures de transport (4 %), les aléas tels que les incendies de forêt d’origine naturelle ou humaine (17 %), une dernière cause étant mal expliquée et due essentiellement soit à des erreurs ou imprécisions dans les rapportages (surestimation de la déforestation ou sous-estimation des surfaces agricoles), soit à une dégradation progressive des forêts aboutissant à leur disparition (24 %). On note en particulier que l’exploitation forestière joue un rôle très limité au sein des causes directes de déforestation.

La principale cause de déforestation est donc agricole et concerne sur le terrain un peu plus les cultures agricoles (notamment de soja, maïs, palmiers à huile, riz et canne à sucre) que l’élevage ; cependant, en termes d’utilisation finale, la première cause de déforestation est l’alimentation humaine en viande avant la consommation de végétaux dans la mesure où une partie des cultures agricoles a pour but de nourrir le bétail (bovins essentiellement, cochons et volailles secondairement).

Une grande partie de cette déforestation incorporée dans les produits est consommée dans les pays producteurs :

  • 68 % pour les produits issus des cultures agricoles ;
  • 92 % pour la viande ;
  • 75 % pour les produits en bois.

Le complément fait donc l’objet d’un commerce international qui est réduit par rapport à la totalité de la déforestation incorporée dans les produits mais donne une responsabilité dans la déforestation aux pays importateurs. Il concerne :

  • le soja et l’huile de palme : 50 % du commerce international de produits incorporant de la déforestation
  • les stimulants (café et thé) : 9 %
  • les fibres (coton, tabac) : 6 %
  • les autres produits agricoles végétaux : 14 %
  • le bœuf : 17 %
  • le bois : 4 %

La déforestation est particulièrement exportée par :

  • l’Amérique du sud (63 %)
  • l’Asie du sud-est (20 %)
  • l’Afrique sub-saharienne (15,5 %).

Elle est particulièrement importée par :

  • l’Union européenne (40 %)
  • l’Asie de l’est, dont Chine et Japon (20 %)
  • l’Afrique du nord et l’Asie de l’ouest et l’Asie centrale (15 %)
  • l’Amérique du nord (9 %)
  • l’Asie du sud (8 %)
  • la Russie et l’Europe hors UE (7 %)
  • l’Océanie (<< 1 %).

Ces données de référence sont relatives à la période étudiée (1990-2008) et des évolutions sont intervenues depuis, qui mériteraient une mise à jour.

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