Résumé
La situation des forêts du monde est analysée tous les deux ans sous l’égide de la FAO et chaque fois sous un angle particulier. La rapport 2016 analyse les défis propres aux relations entre forêts, agriculture et développement durable. La gestion durable des forêts et de l’agriculture, ainsi que leur intégration dans des stratégies d’utilisation des terres sont en effet essentielles pour atteindre les objectifs de développement durable, garantir la sécurité alimentaire et faire face au changement climatique. D’une part, les forêts contribuent à la durabilité et à la productivité de l’agriculture en stabilisant les sols, régulant le climat et l’eau, hébergeant des pollinisateurs et prédateurs naturels des organismes nuisibles à l’agriculture, etc ; elles contribuent aussi directement à la sécurité alimentaire de centaines de millions de personnes. D’autre part, l’agriculture reste le principal moteur de la déforestation dans le monde.
Le chapitre 1 fait ressortir l’importance de l’agriculture durable, de la sécurité alimentaire et de l’arrêt de la déforestation, ainsi que leur contribution déterminante aux objectifs de développement durable et au respect des engagements pris par les pays dans le cadre de l’Accord de Paris sur le changement climatique.
Le chapitre 2 s’intéresse aux changements d’utilisation des terres et plus particulièrement à la perte et au gain de superficie forestière, respectivement par conversion vers l’agriculture et abandon de terres agricoles.
Le chapitre 3 explore les modalités selon lesquelles les pays traitent les changements d’utilisation des terres au niveau des politiques publiques, des cadres juridiques, des investissements dans l’agriculture et les forêts, enfin des mécanismes institutionnels. Parmi ces modalités, celles qui influent particulièrement sur la déforestation sont le manque de clarté des politiques, leur insuffisante application ou le fait qu’elles ne répondent pas aux besoins des parties prenantes légitimes.
Le chapitre 4 présente des études de cas consacrées à sept pays : Chili, Costa Rica, Gambie, Géorgie, Ghana, Tunisie et Vietnam. Ces études montrent qu’il est possible d’améliorer la sécurité alimentaire tout en maintenant, voire en accroissant le couvert forestier. Elles laissent penser que la mise en place d’économies agricoles orientées vers les marchés et ouvertes devrait être assortie de protections complémentaires en matières sociale et environnementale de manière à atténuer les dommages potentiels d’une production agricole intensive. Toutes les études ont mis en évidence la nécessité de disposer d’un cadre juridique et institutionnel efficace, d’un régime foncier prévisible et sûr, d’une obligation de réaliser des évaluations d’impact environnemental, d’une politique d’aires protégées et d’incitations adaptées (notamment des paiements pour services environnementaux). Certaines études de cas ont indiqué que la cession des droits de gestion des forêts aux communautés locales avait aidé à améliorer les moyens d’existence et à renforcer l’appui local à la gestion durable des forêts, à condition que les rôles et responsabilités respectifs des gouvernements et des communautés locales soient clairement définis.