Le complexe soja comprend trois principaux produits : la fève (ou graine), l’huile et le tourteau de soja. Le tourteau de soja est le sous-produit de l’extraction de l’huile de soja. La trituration d’une tonne de graines de soja permet d’obtenir environ 180 kg d’huile et 800 kg de tourteaux (Peyronnet et al., 2014). Le soja est essentiellement utilisé comme produit intermédiaire dans des chaînes de production alimentaires ou industrielles. Près de 90 % de la récolte mondiale de graines de soja est destinée à l’industrie de trituration afin de produire des tourteaux et de l’huile de soja.

Image of a soybean plantation
Le tourteau de soja est quasi exclusivement utilisé comme protéine entrant dans la composition des rations destinées à l’alimentation des animaux d’élevage (volailles, porcs, bœufs, poissons d’élevage). Il s’agit de la principale source de protéines utilisée pour l’alimentation animale dans le monde.
L’huile de soja, l’une des plus consommées au monde, est destinée à hauteur de 80 % à des usages alimentaires, le reste étant utilisé essentiellement afin de produire des biocarburants (biodiesel). Seulement 6 % de la production mondiale de soja-graine serait directement transformée pour des usages alimentaires sous la forme de lait de soja, de desserts à base de soja, de tofu ou encore comme émulsifiant (lécithine de soja) dans des préparations alimentaires industrielles (chocolats, plats préparés, etc.) (Fraanje et Garnett, 2020).
Le marché mondial du soja
Les principaux bassins d’approvisionnement sont concentrés dans trois pays : le Brésil, l’Argentine et les États-Unis, qui représentent près de 70 % des cultures mondiales de soja, dont 30 % pour le seul Brésil. Environ 90 % des volumes exportés proviennent du Brésil, des États-Unis, de l’Argentine et du Paraguay (MAPA, 2020 ; Département de l’agriculture des États-Unis, USDA, 2020). La surface plantée de soja au Brésil a atteint 36,9 millions d’hectares (récolte 2019-2020), après une augmentation de 57 % en dix ans.
Sur la période 2017-2019, la production de ces trois pays représentait plus de 80 % de la production mondiale de soja. Le Brésil et les États-Unis fournissent les deux tiers du soja consommé dans le monde (USDA, 2020). La production de soja au Brésil a progressé très fortement depuis la fin des années 1980, passant de moins de 20 à plus de 120 millions de tonnes en 30 ans.
Les impacts environnementaux les plus notables de l’expansion du soja en Amérique du sud sont la fragmentation de la couverture végétale primitive restante, le compactage et l’érosion et les risques accrus de salinisation des sols, l’eutrophisation des rivières, la pollution de l’eau et du sol par des résidus d’engrais et de pesticides, la perte de biomasse souterraine et l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre et la disparition de la flore et de la faune (Jia et al., 2020 ; Dias, 2008 ; Strassburg et al., 2016 ; Rekow, 2019 ; Noojipady et al., 2017 ; Hunke et al., 2015 ; Baumann et al., 2017 ; Tomei et al., 2010).
Les impacts sociaux se manifestent par l’accaparement de terres, la multiplication des conflits entre les producteurs de soja et les communautés traditionnelles, la réduction de l’accès des populations rurales aux ressources naturelles (eau, aliments, etc.) nécessaires au maintien de leurs conditions d’existence, les migrations des populations rurales vers les villes, la réduction des emplois en milieu rural, l’augmentation de la pauvreté et l’accroissement des inégalités (Favareto et al., 2019 ; Porto-Gonçalves et al., 2016 ; Garrett et Rausch, 2016 ; Flexor et Leite, 2017 ; Phélinas et Choumert, 2017 ; McKay, 2018 ; Weinhold et al., 2013).
Pour en savoir plus :
/B_article2-lien>(rapport d’étude du Comité scientifique et technique forêt de l’AFD, août 2020)
La consommation de soja en France
Les secteurs de l’élevage européens sont fortement dépendants du soja latino-américain qui constitue la principale source de protéines pour l’alimentation animale. Les importations françaises de soja provenaient en grande partie des États-Unis jusque dans les années 1980, mais cette situation a évolué au profit des pays d’Amérique du Sud, en particulier du Brésil qui est de loin le premier fournisseur de la France.
Grâce à la loi de finance, l’avantage fiscal pour l’incorporation de l’huile de soja dans les biocarburants est supprimé depuis le 1er janvier 2022.
Un tableau de bord est disponible sur cette plateforme pour l’analyse des risques de déforestation liées aux importations françaises de soja.
Le soja durable
Le moratoire sur le soja amazonien
L’initiative visant à mettre en place une filière soja zéro déforestation la plus documentée est le moratoire sur le soja en Amazonie brésilienne signé en 2006 et mis en œuvre à partir de 2008 (Kastens et al., 2017 ; Gibbs et al., 2015 ; Rudorff et al., 2011). Le moratoire sur le soja est un engagement des grands acteurs de la filières soja à ne pas commercialiser le soja produit dans les zones qui proviennent de la déforestation dans le biome amazonien. L’engagement a été institutionnalisé dans un premier temps entre ces acteurs et les ONG environnementales puis a ensuite été endossé par le gouvernement brésilien.
Les référentiels de certification
Les principaux standards existants sur le soja sont les suivants :
- standard RTRS – Table ronde sur le soja responsable ;
- standard ProTerra ;
- standard ISCC - Certification internationale de durabilité et de carbone.
Leur correspondance aux critères de la SNDI (objectif 13) a été étudiée par le groupe de travail dédié du comité scientifique et technique forêt de l’AFD et a donné lieu à un rapport d’étude.
/B_article2-lien>Pour en savoir plus :
/B_article2-lien>(ouvrage collectif du Comité scientifique et technique forêt coordonné par Canopée et l’IDDRI, mai 2021)
Le "Manifeste soja"
Initié en novembre 2020, et soutenu par le ministère de la Transition écologique, le Manifeste "POUR UNE MOBILISATION DES ACTEURS FRANÇAIS POUR LUTTER CONTRE LA DÉFORESTATION IMPORTÉE LIÉE AU SOJA" a pour objectif de mobiliser tous les des acteurs du marché afin d’assurer une filière durable du soja importé en France pour l’alimentation animale (cf détails dans la rubrique "Engagement des acteurs privés").
Les enjeux de l’autonomie protéique
Le ministère de l’Agriculture et de l’alimentation a publié au mois de décembre 2020 une stratégie nationale sur les protéines végétales.
L’objectif de cette stratégie est de réduire la dépendance française aux importations étrangères, notamment de soja, et ainsi réduire les risques de déforestation à l’étranger.
Cette stratégie a été dotée de 100 millions d’euros pour amorcer sa mise en œuvre. Son objectif est de doubler d’ici 2030 la surface agricole allouée aux protéines végétales pour atteindre 2 millions d’hectares.
Elle se traduit par :
- Un soutien aux actions de recherche et innovation, pour mettre au point des solutions pertinentes d’un point de vue économique, environnemental et nutritionnel, qui soutiendront à moyen terme la dynamique lancée par le plan de relance ;
- Un accompagnement des investissements matériels nécessaires à la fois chez les producteurs de grandes cultures et les éleveurs ;
- Un appui à la structuration des filières de protéines végétales et aux investissements aval ;
- Une aide à la promotion des légumineuses auprès des consommateurs.
Soja : en savoir plus
Ce tableau de bord fourni par l’initiative TRASE présente désormais des données de 2019 et 2020. Son actualisation a bénéficié d’une collaboration avec le Syndicat National du Commerce Extérieur des céréales, graines, oléo-protéagineux, légumes secs et produits dérivés (SYNACOMEX), dont les membres ont accepté de partager leurs données d’import-export de soja entre le Brésil et la France.
Un accord ambitieux a été trouvé au niveau européen sur le projet de règlement visant à lutter contre la déforestation. Il s’agit d’un résultat remarquable qui inscrit dans le droit européen la vision de la stratégie nationale de lutte contre la déforestation.